La prescription de Dre Cleary

Dre Eilish Cleary, médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, a rendu un immense service à la population de la province. Illustrant parfaitement ce que la pratique de la santé publique devrait être, elle a clairement énoncé ce que la plupart d’entre nous savent déjà, que l’état de nos environnements physique et social peut non seulement nous rendre malades, mais aussi compromettre le bien‑être de nos collectivités.

Dans son rapport, Dre Cleary recommande, dans le contexte d’une éventuelle exploration des gaz de schiste, que le gouvernement mette en place des mesures de prévention afin d’éviter les coûts élevés associés aux problèmes sociaux et de santé qui découleraient d’une telle entreprise.

Le Parti vert va plus loin encore. Puisque les technologies utilisées dans l’extraction du gaz de schiste comportent trop de risques, nous n’allons pas nous aventurer sur ce terrain. Il est inutile de réclamer un moratoire, comme le font les autres partis de l’opposition, puisque la réglementation, même dûment appliquée, ne peut garantir que l’extraction du gaz de schiste soit sûre et sans danger pour nos communautés. Laissons ces gaz emprisonnés dans la roche. Misons plutôt nos efforts sur une économie verte.

Selon le rapport de la Dre Cleary, nous avons le choix : soit nous œuvrons à garder nos gens et nos communautés en santé, soit nous les livrons aux conséquences sociales et environnementales d’une entreprise risquée. Malheureusement, les gouvernements choisissent trop souvent la deuxième option, celle qui porte atteinte aux populations et aux collectivités, et finissent par payer très cher pour tenter de remédier à la situation en offrant des médicaments sur ordonnance, des soins hospitaliers et des services sociaux.

Comme s’il voulait bien marquer ce point, le gouvernement Alward a annoncé hier son intention de déréglementer la pollution de l’air provenant de moins grandes sources de pollution. Vous savez de quoi je parle : le dioxyde de soufre et les particules rejetées directement dans votre quartier.

Notre façon de penser en ce qui concerne la prestation de soins de santé abordables a trop longtemps été emprisonnée entre les murs de nos hôpitaux. La solution à nos défis sur le plan de la santé est d’avoir une population en santé. Or, le gouvernement n’affecte que 1,2 % de ce qu’il dépense en soins hospitaliers et en médicaments sur ordonnance aux services de santé publique. Oui, vous avez bien lu. 1,2 %.

Nous connaissons tous les statistiques. Le Nouveau-Brunswick est l’une des provinces les moins en santé du pays. Chose incroyable, 74 % des adultes et 58 % des adolescents souffrent d’une maladie chronique. On s’attendrait à ce que le gouvernement fasse de la santé publique une priorité en matière de dépenses.

La plupart des gens s’imaginent que le gouvernement assure un contrôle rigoureux du rejet de substances pouvant causer le cancer ou nuire au développement normal du fœtus. Hélas! Dans les faits, aucun polluant ni pesticide ne font l’objet d’un tel contrôle, qu’ils soient rejetés dans l’environnement ou dans votre milieu de travail.

Dans le même ordre d’idée, la plupart des gens auraient tendance à penser que le gouvernement prend des mesures décisives pour les familles qui présentent un risque élevé d’exposition au radon dans leur maison ou à l’arsenic dans leur puits, pour ensuite leur venir en aide. Hélas!

On constate également le même laisser‑faire lorsqu’il est question de la qualité de notre approvisionnement alimentaire, quoique cette responsabilité relève principalement de la compétence du gouvernement fédéral.

On a droit à de beaux discours politiques sur la prévention des problèmes de santé, mais s’ensuit la question de l’argent. Le gouvernement n’a simplement pas fait les investissements nécessaires. Aujourd’hui, 40 % des dépenses opérationnelles du gouvernement servent à financer les soins de santé, comparativement à 25 % il y a seulement 25 ans. Dans l’intervalle, les dépenses en matière de santé publique demeurent minimes.

Il serait grand temps que notre budget d’immobilisations, budget dans lequel sont prévus les investissements dans les infrastructures, notamment les nouveaux hôpitaux, soit accru pour inclure les investissements dans la santé publique. Le rendement à long terme serait incommensurable.

David Coon